jeudi 15 janvier 2009

"Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur"

Le Mariage de Figaro de Beaumarchais, mise en scène par Normand Chouinard, en ce moment au Théâtre du Nouveau Monde (TNM) à Montréal.

Pour vous mettre en condition, il y a d’abord un film à voir: Beaumarchais, L’insolent d’Édouard Molinaro (1996) magnifiquement interprété par Fabrice Luchini, qui nous fait redécouvrir ce génie de la dramaturgie, artisan de la révolution française. On est plongé dans une époque où la monarchie est écrasante, la liberté un combat, l’amour un espoir, et les mots une arme redoutable. On comprend alors la puissance du texte de La folle journée ou le Mariage de Figaro, étonnamment moderne, d’une audace qui fait encore aujourd’hui rougir certaines dames dans le public du TNM.


Beaumarchais l'insolent - 1996
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Figaro, qui est au service du puissant comte Almaviva, est follement amoureux de Suzanne, la camériste de la comtesse. Jusqu’ici, rien de neuf sur les planches! Mais le comte qui se lasse de sa femme, n’hésite pas à faire des avances à Suzanne et use (ou abuse) de son pouvoir pour marier Figaro avec la vieille Marceline qui s’avérera en fait être la mère de Figaro... Bref, ca couche à droite comme à gauche pour finalement se conclure par la victoire des serviteurs avec le mariage de Figaro et de Suzanne! Une sacrée claque (pour ne pas dire un “soufflet”) à la Noblesse de l’époque qui se trouve ici ridiculisée. « Parce que vous êtes un grand Seigneur, vous vous croyez un grand génie !... Noblesse, fortune, un rang, des places : tout cela rend si fier ! Qu’avez-vous fait pour tant de biens ! Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus... »

La mise en scène de Normand Chouinard est hilarante (oui, oui, on peut vraiment se marrer au théâtre!) avec Figaro génialement interprété par Emmanuel Bilodeau, et une splendide Bénédicte Décary dans le rôle de Suzanne à qui il suffit de sourire pour nous enchanter! Et comme “tout fini par des chansons”, de véritables chanteurs lyriques se glissent parmi les figurants accompagnés par un pianiste qui sait donner du rythme et de la gaité à chaque dialogue. Tournant parfois à la farce ou au vaudeville, ca pouffe de rire et ca applaudie dans le public. Beaumarchais dénonce le privilège des plus riches, les abus de pouvoir, les tromperies, la condition de la femme et donne un peu plus de force à la liberté. On y retrouve alors la célèbre et magnifique phrase de Figaro qui est la devise d’un quotidien français du même nom: “Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur”...

Quand le burlesque fricote avec la réflexion, il s’en dégage une véritable émotion. Vous allez adorer!

DU 13 JANVIER AU 7 FÉVRIER 2009
SUPPLÉMENTAIRES LES 11 ET 12 FÉVRIER
PRIX ÉTUDIANT : 30$
http://www.tnm.qc.ca/


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